
Transparence
« L’acceptation locale des éoliennes peut-être influencée par la manière dont un projet est planifié et géré. » KohleNusbaumer SA, Potentiel éolien du canton de Vaud, sur mandat du Service de l’environnement et de l’énergie (SEVEN)
Lorsque, une fois n’est pas coutume, un promoteur joue la carte de la transparence, il s’empêtre vite dans les contradictions insolubles de l’éolien industriel terrestre, comme en témoignent les informations relatives au projet Eoljoux de la SEVJ, le parc éolien de la Vallée de Joux situé aux Grands Plats, au-dessus du village du Brassus.
En préambule, les concepteurs reconnaissent étonnamment l’impact négatif sur le paysage découlant d’une installation sur les crêtes jurassiennes. « Bien conscients des impacts que des éoliennes peuvent avoir sur le paysage, nous avons volontairement évité les crêtes et choisi des sites dont les impacts sont réduits au maximum. » (Information affichée le 23 juillet 2015 sur http://www.eoljoux.ch)
Cette honnête constatation limite cependant fortement les zones d’implantation des éoliennes dans le Jura, en raison de l’épais tapis forestier qui le recouvre. Un autre inconvénient du renoncement aux crêtes est produit par les conditions de gisements venteux qui sont bien moindres lorsque les sommets ne sont pas sollicités et que les lisières des forêts sont toutes proches, comme c’est le cas des Grands Plats.
Comme résoudre ce dilemme ?
Seule l’installation d’éoliennes terrestres gigantesques
permet de résoudre ces difficultés, en théorie du moins,
car le Jura ne constitue de toute manière pas une source éolienne
extraordinaire. Nous estimons qu’une structure fixe de plus de 200 m de
haut est en droit de recevoir le qualificatif de « gigantesque»,
si on la compare à celles habituellement rencontrées en milieu
rural et même urbain en Suisse.
Les promoteurs expliquent ensuite, avec la même transparence qui les honore,
que les éoliennes mesureront 206,5 m de haut, pales comprises.
« La volonté de construire des éoliennes aussi grandes
ne résulte pas simplement de l’envie de construire plus haut que
les autres, mais bien d’une nécessité dictée par
le résultat d’une campagne de mesures des vents que l’on
rencontre dans la région. En effet, la topographie vallonnée de
la chaîne du Jura, ainsi que le boisement abondant perturbent fortement
les vents à basse altitude. » (Information affichée
le 23 juillet 2015 sur http://www.eoljoux.ch)
Toujours avec le même souci de jouer cartes sur table, la SEVJ présente
un croquis montrant les dimensions de l’éolienne, de la tour Eiffel
(324 m), ainsi que la hauteur des tours jumelles du village du Sentier, qui
ne font que 27 m. Alors qu’elles donnent l’impression d’être
bien plus grandes, lorsque l’on passe à côté !
N’importe qui constate alors sans peine que des éoliennes huit
fois plus hautes que les plus grands édifices de la vallée
de Joux, sont bien plus proches de la Tour Eiffel, qu’elles ne le
sont de la ferme d’alpage des Grands-Plats-de-Bise, située à
un jet de pierre de leurs (futurs) immenses rotors.
Plus de 100 vaches élisent domicile durant la belle saison sur l’alpage
historique des Grands-Plats-de-Bise, permettant aux exploitants de la
fromagerie de produire annuellement 27 tonnes de Gruyère d’alpage
AOC. Par ailleurs, l’alpage accueille familles, écoles, randonneurs
et cyclotouristes pendant la période estivale.
La cohabitation entre des éoliennes industrielles gigantesques et les
occupants du lieu semble pour le moins problématique.
Gageons qu’Eoljoux partage aussi cet avis !
Sources:
Eoljoux de la SEVJ : http://www.eoljoux.ch/
Grands-Plats-de-Bise: http://www.histoirevalleedejoux.ch/
Grands-Plats-de-Bise: http://www.terre-vaudoise.ch/
Potentiel éolien du canton de Vaud, KohleNusbaumer SA sur mandat du Service
de l’environnement et de l’énergie (SEVEN) : http://www.vd.ch/
Publié dans Eoliennes